Bague-allonge ou objectif macro?
Cadrer serré, ce n’est pas toujours facile. Certains objectifs, comme un 18-200 mm, permettent de faire des plans rapprochés, mais ce n’est pas toujours le cas. Mon objectif préféré, un 50-140 mm f/2,8, ne permet pas de faire une mise au point à moins d’un mètre. Mon 56 mm f/1.2, c’est 60 cm au plus près. Mon 35 mm f/2, c’est 30 cm. Plus on utilise un objectif qui grossit, plus on doit s’éloigner du sujet ! Difficile dans ces conditions d’épurer la photo, de garder le minimum, de se concentrer sur l’essentiel.
Il existe deux solutions¹ pour réduire cette distance: une bague-allonge ou un objectif macro. L’objectif macro, c’est le grand luxe, mais ça fait un objectif de plus à acheter et un poids de plus à traîner. On risque de ne pas l’avoir avec soi lorsqu’on en a besoin. C’est pourquoi j’ai choisi la bague-allonge. C’est tout petit, ça ne pèse rien et c’est pas cher.
Objectif macro • 750 g • 1600 $
Bague-allonge • 67 g • 129 $
De plus, comme la bague-allonge ne comporte aucune lentille, il n’y a aucune perte de qualité. En éloignant simplement l’objectif du capteur, elle permet de faire une mise au point plus rapprochée. Par contre, il n’est plus possible alors de faire une mise au point jusqu’à l’infini. Et même, dans certains cas, la plage de distances est limitée à l’extrême. Ayant des doutes sur le bien-fondé de mon achat, j’étais mûr pour suivre le cours de macrophotographie donné par Pierre-Yves Côté.
Comme la plupart de nos professeurs, il donne son cours chez lui. ( Sauf pendant la pandémie ! ) Il recommande d’apporter de petits objets à photographier. Les petits objets, ce n’est pas tellement ma tasse de thé, mais, pour paraphraser le chien du berger dans Le génie des alpages, une fois que j’aurai compris le principe, je pourrai photographier tout ce que je veux.
Mon atelier macro avec Pierre-Yves Côté
Je me rends donc à Laval en transport en commun avec mon appareil photo. (Je voulais tester si c’était faisable d’aller de cette façon dans le royaume de la voiture. Eh oui, ça l’est.) Comme on sera à l’intérieur, j’ai apporté mon trépied, mon flash, une bouteille d’art chinois faisant 7 cm de haut et une petite mais puissante lampe de poche qui est dans mon sac photo en permanence.
Pierre-Yves explique clairement et nous supervise très bien durant la session pratique. Même si je me considère comme un photographe avancé, j’ai appris plusieurs choses durant son atelier. Une phrase qu’il a dite dans sa présentation me sera très utile plus tard: « Une photo macro, c’est comme un paysage en miniature ». Et finalement, j’ai pu confirmer que j’avais fait un bon choix avec l’achat de ma bague-allonge.
J’ai fait une première photo de ma bouteille avec ma bague-allonge. J’ai utilisé mon flash pour éclairer la bouteille de côté et en faire sortir la translucidité. Pierre-Yves m’a proposé d’ajouter une feuille bleue pour créer un arrière-plan et d’utiliser ma lampe de poche pour l’éclairer. Comme je savais qu’il avait lui aussi un appareil photo Fuji, je lui ai demandé s’il possédait un objectif macro. Il avait le 80 mm f/2.8, le meilleur des deux objectifs macro de Fuji qu’il a accepté de me prêter. J’ai pu refaire ma photo avec cet excellent objectif.
Les deux photos sont très similaires. La principale différence, c’est que l’objectif macro ferme à f/22 comparativement à f/16 pour mon 35 mm f/2. C’est d’ailleurs une caractéristique importante d’un objectif macro: permettre de petites ouvertures tout en minimisant la diffraction. On obtient alors une meilleure profondeur de champ, chose utile en macrophotographie. Hormis ce point, les différences sont minimes. Ceci confirme une fois de plus l’avantage d’une bague-allonge: elle suit dorénavant mon appareil photo comme un petit chien (genre Yorkshire).
Un paysage en miniature
Récemment, en allant marcher au Parc des chutes Monte-à-peine, j’ai eu l’occasion de photographier un troupeau de minuscules champignons par une belle lumière de fin de journée. Grâce à ma bague-allonge, j’ai pu les cadrer serré et obtenir en prime un superbe flou d’arrière-plan. J’avais trouvé mon paysage miniature ! Prochaine étape: aller à Saint-Élie-de-Caxton photographier des lutins avant qu’ils ne quittent la région.
L’union fait la force
C’est aussi vrai pour les bagues macro. Denise s’étant également acheté la même bague-allonge que moi, nous les avons combinées pour prendre cette photo. Deux bagues-allonges pour photographier une bague.
¹ Il existe en réalité un troisième accessoire pour faire des plans rapprochés: la bonnette d’approche. C’est tout simplement une loupe qui se visse sur l’objectif comme un filtre. Toutefois, la bonnette d’approche a deux défauts: 1) Tout comme un filtre, son diamètre doit correspondre à celui de l’objectif. 2) Étant donné que c’est une lentille supplémentaire, elle introduit une perte de qualité.